20 septembre 2024
Ah! … Ruvumu! (13 & 14 septembre 2010)
Depuis 9 heures qu'on attend un chauffeur et 4 X 4. Une heure trente plus tard, ils sont enfin là. Nous nous rendons chez Duke et Jocelyne pour prendre tous les cahiers, crayons et autres articles scolaires prévus pour Ruvumu, le village de Seth, professeur et collaborateur. Corinne va à la B.C.B. (Banque de Crédit du Burundi) ou travaille Jocelyne afin de retirer l'argent nécessaire aux collaborateurs du projet. Au retour, le véhicule ne démarre plus. Comme on dit chez nous "la batterie est à terre" . On doit "booster" le vieux Mercedes 4X4 à partir de la camionnette du" Burundi Cleaning Services", propriété de J.Claude. Une fois le démarrage possible, nous allons faire le plein de gasoil (diesel) et pouvons enfin nous engager, vers midi, sur la RN7.
Yahaya, notre chauffeur musulman, conduit comme un pro. Nous nous rendons à la Source du Nil. Dans cette région, sont nés les trois premiers présidents du Burundi: Micombero, Bagaza et Buyoya. Ils proviennent tous les trois du même coin et ont vécu à quelques kilomètres de distance l'un de l'autre.
Arrivés à la Source du Nil, non loin de la Faille des Allemands, notre jeune guide, Claude, nous explique que nous nous trouvons, si nous suivons le cours d'eau, à 6 735 kilomètres de la Méditerranée ou aboutit ce légendaire fleuve. Un simple filet d'eau coule d'un tuyau planté dans un gros rocher. C'est ici qu'ont aboutit plusieurs explorateurs a la recherche de l'origine la plus lointaine du fleuve nourricier de l'Égypte. Je m'y lave le visage, prends quelques photos dont celles des curieux et du jeune Floris qui nous suivent depuis notre arrivée.
Rebroussant notre chemin, nous faisons une halte au marché de Bamba. C'est l'événement de la journée: les gens, adultes comme enfants nous regardent d'abord de loin et s'approchent peu à peu. Si on se tourne pour les saluer, ils se mettent à crier et à s'enfuir en riant exagérément. Toute activité a soudainement cessé. Le marché est totalement gelé. Mais comme leurs attitudes et les couleurs vives de leurs vêtements sont fascinantes! Ils nous font presque chuter et cherchent à me caresser le poil des bras... C'est un arrêt dans le temps, un moment d'une intensité assez rare.
On arrive à Ruvumu vers 17 heures. Les gens nous attendent depuis longtemps. Après les salutations d'usage au chef de quartier, au pasteur, au directeur d'école, à la parenté et aux amis de Seth, notre hôte, les adolescentes, au rythme d'un tambour et d'un sifflet, exécutent danses et chansons en notre honneur. Elles nous remercient, au nom de tout le village, pour notre venue et pour notre aide au projet de Seth et de son frère Berchmans qui, lui, vit dans la région de la Gatineau. Ils ont, avec l'aide des villageois, construit une très belle école, à plusieurs modules, pour les 600 élèves de leur région. Les briques sont fabriquées à environ 10 minutes de marche de l'école. Elles sont transportées, une fois cuites, à dos d'hommes ou sur la tête des femmes. Tout cela bénévolement comme étant leur collaboration personnelle à la Fondation.
Le soir venu, nous nous rassemblons dans la maison de Seth et de sa femme Mediatrice pour les discours d'usage: pasteur, directeur, professeurs et autres. Nous sommes nombreux autour d'une longue tablée. Progressivement, certains se retirent car il fait nuit noire et qu'ils ont un bon bout de chemin avant d'entrer chacun chez soi. Puis c'est le repas du soir que nos hôtes ont voulu hors de l'ordinaire: bananes cuites, haricots, boeuf en sauce, spaghetti, pommes de terre et un bon thé sucré au lait de la vache de Seth. Oh surprise! Vers neuf heures, on toque à la porte. Deux policiers, mitraillette à la main, viennent compléter la tablée. Seth leur avait demandé de venir assurer notre protection pour la nuit. Des blancs dans la région, c'est pas monnaie courante.
Michel et Daniel